À partir du 8 octobre 2024, et jusqu’au 16 février 2025, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac invite le public à explorer la figure du zombi. En effet, l'exposition « Zombies » convie les visiteurs à s’éloigner des clichés modernes des morts-vivants de séries télévisées pour s’immerger dans la riche tradition haïtienne, là où le mythe du zombi prend racine.
L’exposition oriente son regard vers Haïti, lieu d’origine de cette figure mystérieuse et complexe. En explorant le zombi à travers ses sources historiques, sociales et spirituelles, l’exposition met en lumière les croyances ancestrales qui ont façonné cette figure, à mi-chemin entre réalité et folklore.
Le mot « zombi » lui-même puise ses origines dans le terme africain nzambi, qui renvoie à un esprit ou un fantôme. Avec le déplacement des populations africaines à travers la traite des esclaves, ce terme a traversé l’Atlantique, évoluant au contact des croyances africaines, caribéennes et catholiques. En Haïti, ce concept prend une nouvelle forme, intégrant les rituels et symboles de la culture vaudou, profondément enracinée dans la société haïtienne. Dans cet univers, le zombi n’est pas un monstre assoiffé de sang, mais une figure complexe, incarnant la perte de liberté et la soumission.
La zombification, en Haïti, est bien plus qu’une simple légende. Elle prend sa source dans les pratiques de sociétés secrètes, notamment celle de la société bizango, qui exerce une influence judiciaire et politique dans certaines communautés. Jugé et condamné, le zombi n’est autre qu’un criminel déchu de ses droits, réduit à un état de servitude et d’hébétude par les pouvoirs mystiques d’un bokor, un prêtre vaudou. Cet état d’asservissement symbolise la privation d’âme, transformant l’individu en une marionnette sans volonté propre, au service d’une force supérieure.
Le parcours de l’exposition ne se limite pas aux origines haïtiennes du zombi. Elle explore également la manière dont le mythe a évolué et s’est enraciné dans l’imaginaire occidental, influencé par des œuvres littéraires et cinématographiques. Dès 1697, l’évocation du zombi apparaît dans le roman de l’écrivain français Pierre-Corneille Blessebois. Au XXe siècle, le cinéma reprend le mythe et le transforme, en grande partie grâce au réalisateur George A. Romero et le film « La Nuit des morts-vivants ». Le zombi devient alors une figure incontournable de la culture pop, symbole d’angoisses modernes liées à l’épidémie, à la perte de contrôle et à la peur de l’inconnu.
À travers des objets, des films, des documents d’archives et des œuvres contemporaines, « Zombies » met en lumière les multiples facettes de ce mythe, révélant au passage les peurs collectives et les fantasmes que suscite cette figure de « non-mort ». L’exposition invite ainsi à interroger les origines de nos croyances, déconstruire les stéréotypes et découvrir la richesse des traditions haïtiennes. Le commissariat de l'exposition est assuré par Philippe Charlier.