Le musée du quai Branly Jacques Chirac présente son projet « Dakar-Djibouti : contre-enquête ». L’institution propose de poser un « regard neuf et croisé » sur cette mission menée par Marcel Griaule et Michel Leiris, de 1931 à 1933. Le but est de comprendre le contexte, les enjeux et conséquences de cette mission historique. L’accent est particulièrement mis sur les circonstances de l’acquisition du célèbre Boli.
Pour mener à bien ce projet, le quai Branly s’associe à de nombreux partenaires : le CNRS, l’Institut national d’Histoire de l’art, le Muséum national d’Histoire naturelle, les universités Lyon 2 et Paris Nanterre, le musée des civilisations noires de Dakar, le musée national du Mali, du Tchad, du Cameroun et enfin les universités de Djibouti et du Bénin.
Extrait de L’Afrique fantôme, p. 195. Citation de Michel Leiris :
« 7 septembre
Avant de quitter Dyabougou, visite du village et enlèvement du deuxième kono, que Griaule a repéré en s’introduisant subrepticement dans la case réservée. Cette fois, c’est Lutten et moi qui nous chargeons de l’opération. Mon cœur bat très fort car, depuis le scandale d’hier, je perçois avec plus d’acuité l’énormité de ce que nous commettons. De son couteau de chasse, Lutten détache le masque du costume garni de plumes auquel il est relié, me le passe, pour que je l’enveloppe dans la toile que nous avons apportée et me donne aussi, sur ma demande – car il s’agit d’une des formes bizarres qui hier nous avait si fort intrigués – une sorte de cochon de lait, toujours en nougat brun (c’est-à-dire sang coagulé) qui pèse au moins 15 kilos et que j’emballe avec le masque. (…) Lorsque nous partons, le chef veut rendre à Lutten les 20 francs que nous lui avons donnés. Lutten les lui laisse, naturellement. Mais ça n’en est pas moins moche… »