En mars 2024, Forbes Afrique publie un article dont la rédaction est confiée à Sylvain Comolet. Ce papier soulève d’importants enjeux du marché actuel des arts africains, dont nous vous résumons ici brièvement les propos.
Les musées occidentaux abondent en pièces africaines, certaines adjugées à des sommes considérables lors de ventes aux enchères chez Christie’s ou Sotheby’s en Europe. Toutefois, cette réalité suscite l'inquiétude de plusieurs collectionneurs africains, se sentant exclus d'un marché qui exploite leur patrimoine culturel, parfois spolié pendant la période coloniale. En effet, les pièces présentent sur le marché peuvent avoir été acquises de trois manières différentes :
- tout d'abord, il y a les objets issus des expéditions militaires punitives menées par les puissances coloniales, souvent associées à des pillages ou encore à des confiscations de biens ;
ensuite, il y a la piste éthique, qui concerne les objets obtenus par un échange consenti entre un Européen et un marchand africain, où aucune restitution n'est envisagée. Ces pièces sont vendues de façon légale et éthique sur le marché ;
enfin, la troisième piste renvoie à la spoliation résultant des campagnes d'évangélisation menées sur le continent à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
En plein débat sur la restitution, l’ironie est la suivante : les objets restés en Afrique ou créés après la période coloniale sont dévalorisés sur le marché de l'art, tandis que ceux vendus à des prix exorbitants ont souvent été « mal-acquis ». L’article souligne que l'expertise et la valorisation des objets d'art africain sont largement contrôlées par un petit cercle d’Européens, ce qui marginalise les Africains dans le commerce de leurs propres artefacts, un paradoxe amer après des siècles de colonialisme.
Sylvain Comolet explore cette problématique à travers les témoignages de collectionneurs et d'experts africains. Il souligne comment l'histoire des échanges entre l'Afrique et l'Europe, marquée par les expéditions militaires et les pillages, a contribué à la concentration du patrimoine africain dans les musées des anciennes puissances coloniales en Europe.
Enfin, l'article appelle à une réhabilitation de l'histoire et de la valeur des objets d'art africain dans leur contexte d'origine. Il souligne l'importance de reconnaître et d'apprécier la richesse du patrimoine culturel africain, tout en impliquant activement les communautés africaines dans ce processus.
En conclusion, l'article offre une analyse critique des implications sociales, historiques et économiques du commerce des arts premiers africains. Il souligne la nécessité d'une réévaluation des pratiques actuelles pour assurer une représentation plus équitable et respectueuse de ces expressions culturelles précieuses.