Fermé depuis 2013 pour cinq ans de rénovations, le musée de Tervuren, désormais baptisé AfricaMuseum, a rouvert ses portes le 9 décembre 2018. Alors, qu’en penser ?
Tout d’abord, rappelons l’atmosphère de l’ancien site : véritable ode au colonialisme et à Leopold II pour certains ou bijou historique exceptionnel pour d’autres, le musée avait, dans tous les cas, sa signature. Bien qu’il ait fait l’objet de nombreuses critiques, il était également un des plus grands et riches musées d’Europe. Cependant, le remettre au goût du jour n’était pas accessoire. L’objectif principal était d’adopter une vision davantage critique vis-à-vis de la colonisation et d’y ajouter des œuvres contemporaines, témoins d’une Afrique mouvante. Le musée se voulait alors être « un espace de dialogue sur un pied d’égalité entre européens et africains » explique la secrétaire d’état Zuhal Demir (N-VA).
Le bâtiment principal, de style néoclassique et imaginé par l’architecte Charles Girault au début du XXème siècle, est toujours d’origine. L’entrée se fait désormais par les pavillons, nouveaux bâtiments, où on retrouve la billetterie, le restaurant et le magasin. Ensuite, on plonge dans les galeries souterraines pour rejoindre les caves du musée, où débute l’exposition. Sur les murs, nous pouvons observer de gigantesques fresques murales et cartes datant de l’époque coloniale. De nombreuses salles sont accessibles, suivant cinq thèmes principaux : Langues et musiques, Rituels et cérémonies, Paysages et biodiversité, Paradoxe des ressources et Histoire coloniale et indépendance. Tout ceci suivi par l’exposition d’œuvres d’artistes africains contemporains. Dans la rotonde, nous pouvons admirer la première œuvre contemporaine rencontrée durant la visite : « Nouveau souffle ou Congo bourgeonnant » de Aimé Mpané. Ce n’est qu’ultérieurement que d’autres artistes, tels que Aimé Ntakijica, Sammy Balaji ou encore Patrick Mudekeraga (entres autres) sont exposés.
Les avis sont nombreux concernant ce musée flambant-neuf. En effet, concernant l’époque coloniale, Pierre Kompany, premier bourgmestre d’origine congolaise, confie : « Il faut constater, pas juger. On va juger quoi ? Ces gens-là ont vécu, en leur temps, ils ont fait ce qu’ils ont fait. On peut juger qu’il y ait eu des erreurs… Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Des erreurs… ». Puis, sur Internet, les visiteurs expriment leur mécontentement : certains trouvent l’ambiance glaciale, un musée sans âme et surtout une très mauvaise voire une absence complète de scénographie. D’autres encore déplorent que l’objectif anticolonial ait dépassé l’envie de faire découvrir le merveilleux continent qu’est l’Afrique.
Quoiqu’il en soit, l’AfricaMuseum reste un incontournable pour tous les passionnés d’art tribal. Si le cœur vous en dit, visitez-le à Leuvensesteenweg 13, 3080 Tervuren.