L’apparition nocturne
Apparaissant au milieu de la nuit, souvent en grand nombre et éclairés par des torches vacillantes, les porteurs de ces masques imposants pouvaient provoquer une terreur saisissante. Le kaolin, appliqué pour obtenir une blancheur éclatante, symbolise le pouvoir des ancêtres, conférant ainsi aux masques une aura sacrée redoutable. Les visages stylisés des masques évoquent des traits humains idéalisés.
Le rite de purification
Le Ngil est un rituel social mais aussi un rite du feu purificateur, symbolisé par la figure du gorille, un animal à la fois respecté et redouté dans la culture Fang. Les cérémonies du Ngil incluaient des chants, des danses et des invocations aux ancêtres, cherchant à purifier la communauté des influences néfastes et des actes de sorcellerie. Les masques, portés par des hommes initiés, étaient essentiels pour canaliser cette puissance purificatrice.
Le rôle judiciaire
Au-delà de leur rôle spirituel, les masques Ngil avaient également une fonction judiciaire. Les membres de cette société secrète, sous le couvert de la nuit et protégés par l'anonymat de leurs masques, désignaient les coupables de mauvaises actions au sein du village. Cette pratique judiciaire servait à maintenir l'ordre et à renforcer les normes morales et sociales. La présence des masques était un rappel constant de la vigilance des ancêtres et de la justice implacable du Ngil.
La cohésion du clan
L'ethnie Fang, s'étendant de Yaoundé au Cameroun jusqu'à Ogooué au Gabon, n'a jamais réellement connu d'unité politique centralisée. Cependant, la cohésion entre les différents clans était maintenue par des associations religieuses et judiciaires telles que le So et le Ngil. Ces associations jouaient un rôle crucial dans la préservation de l'ordre social, la transmission des traditions et la régulation des conflits internes.