Source : annuaire-afro-belge.brukmer.be
Rhode Makoumbou, artiste peintre et sculptrice, originaire du Congo Brazzaville, vit désormais à Bruxelles, en Belgique. Bien que très sollicitée, l'artiste nous a fait le plaisir de nous accorder un moment.
Fille d’artiste, Rhode Makoumbou a passé son enfance dans l’atelier de son père.
« Parfois, les gens me posent la question de savoir « Rhode, si tu n’avais pas de papa artiste, est-ce que tu serais devenue artiste ? » C’est très difficile d’y répondre. Mon père trouvait que j’avais cet état d’esprit, cette facilité de vouloir, retranscrire, dessiner, copier. J’étais très à l’aise avec les mélanges de couleur, la peinture. Il trouvait que j’avais quelque chose… Mais je relie tout cela à lui et je ne pense pas que je serais devenue artiste si je n’avais pas eu un père artiste. »
Destinée à devenir journaliste, Rhode a finalement découvert sa véritable passion : « Je suis devenue artiste parce que je me sens bien, j’aime ce que je fais, j’aime ce que je suis. C’’est avant tout un mode de vie. L’art, c’est ma vie, simplement. »
Animée par ce désir de créer, Rhode commence à vendre ses œuvres aux clients de son père.
Lors de la journée internationale des droits des femmes, Rhode expose pour la première fois en dehors de l’atelier de son père ; au Palais des Congrès de Brazzaville. L’exposition est retransmise en direct sur la chaîne nationale et visitée par le président de la République, qui, touché par le travail de l’artiste, achètera certaines de ses œuvres. C’est alors que Rhode gagnera en visibilité.
« C’est comme ça que, petit à petit, les gens me reconnaissaient dans la rue : « Voilà l’artiste qu’on a vue à la télé… » ».
Ensuite, Rhode recevra plusieurs invitations du ministère de la Culture pour représenter le pays à l’étranger. L'artiste a ensuite exposé à Libreville, au Gabon ou encore à la foire internationale d’art de Saint-Étienne, en France. Remerciée pour la promotion faite pour son pays, Rhode fut décorée par le président de la République à l’ordre de dévouement congolais.
Rhode Makoumbou a exposé partout dans le monde et à de très nombreuses reprises. Sa prochaine ambition : la Chine. En outre, un projet est en préparation avec un artiste belge pour une exposition collective au Japon…
A travers son œuvre, Rhode témoigne de la culture de son pays, de ses racines. Elle met en scène le quotidien des femmes africaines, leurs activités sociales. Une œuvre unique, qu’on reconnaîtrait parmi toutes.
Source : tropicsmagazine.over-blog.com
Par ailleurs, l’artiste nous confie ses inquiétudes concernant l’accès à l’art en Afrique. En effet, elle déplore le manque de structures liées à la production, la formation et la diffusion de l’art.
« On n’apprend pas la valeur et même l’importance de l’art dans les écoles, alors, les adultes, les autorités, ils apprécient de manière générale l’art mais il n’y a pas de démarche de consommation. (…) C’est juste une question d’inscrire l’art dans les objets de valeur. Une fois que c’est inculqué dans les écoles, une fois que c’est vraiment adopté, il n’y aura plus de problème. Il faut être convaincu que quand on achète l’art, c’est important, cela a une valeur. Puis, le reste suivra. Il faut d’abord être convaincu que l’art ait de la valeur, convaincu de l’importance de la consommation de l’art. »
« Il faut préparer, donner envie d’aimer l’art. Cela passe par les moyens que l’on va mettre en place, par les stratégies pour attirer les jeunes. Ils ont déjà cette envie de créer. Je fais allusion à la musique, la chanson, le rap, la danse. C’est vraiment à la portée des jeunes. Il faut juste mette un peu plus de moyens. L’envie est déjà là, on ne va pas la créer, c’est juste faciliter les choses en mettant des moyens. L’Afrique n’est pas encore coupée de la véritable source d’inspiration qui est la nature, donc cela ne peut être que profitable pour les générations à venir. Il y a donc toute une stratégie, toute une politique, évidemment, à mettre en place. Il faut qu’on ait des autorités, aujourd’hui, qui doivent être conscientes du bien-fondé de l’art. »
Retrouvez son travail sur le site officiel de l’artiste.