Interviewé par le Figaro Magazine, Emmanuel Pierrat, avocat au Barreau de Paris, spécialisé en droit de la culture et de l’information, revient sur les récents débats concernant la restitution des œuvres africaines à l’Afrique.
Depuis le discours du président français Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017, la question est au cœur de l’actualité. Discours lors duquel E. Macron a manifesté son désir de restituer toutes les œuvres africaines actuellement entre les mains des galeries et musées français. Le principal motif : des pillages remontant à l’époque coloniale. Néanmoins, il ne s’agit pas d’un nouveau débat, selon l’avocat. En effet, de nombreux pays tels que la Turquie, l’Iran, l’Egypte ou encore les pays d’Amérique du Sud ont toujours émis ce genre de demande. Le seul pays à avoir récemment introduit cette requête de manière officielle est le Bénin, qui pointait la spoliation récente d’un site archéologique.
Toutefois, cette restitution semble assez illusoire pour Emmanuel Pierrat, qui évoque entre autres l’inaliénabilité des œuvres culturelles et du patrimoine. Le souhait du président français étant de tout restituer dans un délai extrêmement court. Une restitution donc totale, ignorant les dons et achats d’œuvres d’art africaines.
Emmanuel Pierrat tente d’expliquer que les pillages de l’époque coloniale ne seraient pas les seules raisons d’une presque absence d’œuvres culturelles sur le territoire africain. L’avocat évoque également le remplacement et la modernisation des œuvres par les populations locales ou encore les destructions de pièces d’art par les djihadistes.
Par ailleurs, l’auteur du « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle », Felwine Sarr, pointe vers une machination de la part des lobbys anti-restitution. Lobby dont les directeurs de musées et galeries feraient donc partie.
Emmanuel Pierrat regrette que cette restitution aille à l’encontre d’une « culture partagée ». En outre, l’avocat explique qu’évoquer une appropriation culturelle résulterait ou mènerait, tout du moins, à une certaine ségrégation raciale. En effet, cette appropriation interdit donc à un artiste d’emprunter et de s’inspirer de la culture d’un pays dont il n’est pas originaire. Cette prohibition s’opposerait à la liberté d’expression et à la créativité des artistes.
Outre la barrière juridique, des difficultés budgétaires et un calendrier serré empêcheront la totale restitution des œuvres. Emmanuel Pierrat explique néanmoins qu’il n’est pas contre une restitution d’œuvres acquises illégalement. Il émet, par ailleurs, l’urgence de promouvoir les musées et lieux culturels africains.
Ce texte constitue un résumé non-exhaustif de l’article du Figaro Magazine, retrouvez-le en intégralité via ce lien.