« Ce masque d'épaules, issu des Baga du Nord également utilisé chez les Nalu, présente une volumineuse tête équipée d'un nez busqué évoquant un bec d'oiseau surmontant une bouche tubulaire, réduite, une crête sommitale, et des oreilles proéminentes en fer à cheval. Un cloutage métallique souligne les traits. Ce grand masque, d'une taille exceptionnelle, incarnerait une femme baga idéalisée, et des principes de fécondité et d'abondance de moissons. Ils se produisent lors des récoltes, de mariages ou de décès. La parure de raphia, minutieusement fixée sur un ruban de textile cloué sur les contours, dissimule intégralement quatre hautes "jambes". Patine sombre huilée, abrasions et fissures de dessication.
Mêlés aux Nalu et aux Landuman , les Baga vivent le long des côtes de la Guinée-Bissau dans des régions de marécages inondées six mois par an. Ils croient en un dieu créateur appelé Nagu , Naku , qu'ils ne représentent pas, et qui est accompagné d'un esprit masculin dont l'un des noms est Somtup , figuré par une grand cage couverte de raphia dont le sommet est une tête d'oiseau. Il est secondé de l'esprit féminin A-Bol. Hormis le célèbre masque Nimba, Dimba, ils ont créé un masque puissant , hybride de serpent, gazelle, caméléon et crocodile, dans le but de communiquer avec les esprits de la forêt. Deux groupes, kamana et bangoura , composent les villages baga, chacun gouverné par un chef : les mariages ne peuvent avoir lieu qu'entre ces deux moitiés.
La société d'initiation to-lom (sacré)organise les rituels tous les vingt-quatre ans. Sa clôture est marquée par l'apparition du grand masque serpent bansonyi incarnant l'esprit A-Mantsho-nga-Tshol qui protège les initiés des grades inférieurs. »