Le pedigree d’une œuvre est l’histoire de propriété, un historique des anciens propriétaires, parfois retracé jusqu’à son lieu d’origine. Dans le contexte de l’art africain, les fausses provenances sont souvent créées pour donner une valeur plus importante à des œuvres récemment fabriquées. Ce phénomène est motivé par l’appât du gain car une provenance solide peut augmenter considérablement la valeur d’une pièce sur le marché international.
Plusieurs raisons expliquent ce problème dans l’art africain. Tout d’abord, le manque de documentation : les objets d’art africain étaient rarement documentés de la même manière que les œuvres d’art européen. Sans inventaires solides, certains individus peuvent facilement créer un pedigree fantaisiste. Ensuite, la croissance de la demande et la hausse des prix : avec l'intérêt croissant pour l'art africain ancien, de plus en plus de collectionneurs et d’institutions sont prêts à payer pour des œuvres supposées authentiques, ce qui crée un environnement fertile pour la manipulation des provenances.
Les fausses provenances sont souvent fabriquées en utilisant deux méthodes principales :
- Falsification de documents : Les marchands peu scrupuleux peuvent fournir de faux certificats d’authenticité, de fausses lettres d'anciens propriétaires (exemple : promettre un document signé du propriétaire au malheureux acquéreur) ou même des photographies altérées pour donner l’illusion qu’une pièce a une longue histoire de propriété (exemple : une photo récente vieillie et présentée en noir et blanc).
- Affiliation à des collections prestigieuses : Certains objets d’art africain sont faussement affiliés à des collections réputées, celles de musées européens ou américains ou d’anciens collectionneurs décédés, pour augmenter leur valeur perçue.
L’impact de ces manipulations est important sur le marché de l’art et peut entraîner une méfiance vis-à-vis d’œuvres d’origine incertaine. Cependant, il est parfois plus sage d’acquérir une pièce d’art africain sans provenance particulière et dont le prix demeure correct, qu’investir une somme importante dans une pièce dont le pedigree est complètement faux. La première question à se poser est celle de la crédibilité : avez-vous confiance en ce marchand ? Est-il installé ? Quelle est sa réputation ? Quel est son parcours ? Est-il capable d’identifier une œuvre et de vérifier sa provenance ? Il est également intéressant de prendre connaissance des conditions générales de ventes (si elles existent...) pour s’assurer qu’un retour est possible.