"L'oiseau est apparu dans mes dessins après une intense nuit d'amour.
Cela m'a amené à lever les yeux au-dessus des arbres et regarder les nuances changeantes des cieux et m'éblouir des vols d'oiseaux.
Je suis ainsi entré dans une conscience vive de ce qui se passe en moi en mouvements fulgurants de la vie, et aussi de ce que le dehors me donne de voir qui bouge, me heurte, me transporte dans un voyage permanent entre hier, maintenant et demain.
Lorsque je suis retourné dans mon village Balassie à Bandja dans l'Ouest-Cameroun pour prendre la charge familiale et occuper la fonction de gardien des traditions, et ainsi avoir un autre nom à ce titre ‘Zeuheukap’, " celui qui partage " ou " celui qui ne mange pas seul ", le frère de mon défunt père qui était longtemps resté garder la grande case des ancêtres m'avait dit qu' il allait m'apprendre à écouter le langage des oiseaux.
J'ai pris le temps dans mes voyages et mon goût du monde de rester collé aux vibrations de mon coeur et de laisser ce coeur devenir un oiseau-conteur.
Aujourd'hui, ce que je manifeste dans mon art, c'est la vigueur de l'esprit, de l'imagination qui vient du fait de savoir marcher et porter des histoires à raconter, à faire voir en images.
L'oiseau-conteur est un curieux marcheur qui a les yeux ouverts.
L'oiseau-conteur n' est jamais seul. Et s'il semble seul, c' est pour être dans le silence et mieux capter ce qui lui arrive là où il se trouve.
L'oiseau-conteur est un semeur de paroles fécondes. Et ses paroles qu' il recueille dans les yeux, les bouches, les blessures d'autres étincelants marcheurs-rêveurs sont aussi ses gracieuses nourritures.
L'oiseau-conteur se pose dans un espace pour apporter une présence lumineuse et déployer son chant d'émerveillement là où des personnes tournent en rond dans les noirceurs de leurs nombrils.
L'oiseau-conteur se déploie afin que des pieds à la tête, il soit doux parfum des beautés du monde."